La fin de l'expérience et le souvenir de la Commune
La reprise de Paris à partir du 21 mai 1871 par les troupes versaillaises met violemment fin à l’expérience de la Commune.
Cette Semaine sanglante, marquée par les combats entre les 120 000 hommes envoyés par le gouvernement d’Adolphe Thiers et les quelques milliers de soldats fédérés, par la destruction de nombreux édifices et par les massacres perpétrés par les deux camps, a laissé des traces durables dans la physionomie de la capitale et dans sa mémoire.
À la répression militaire succède la répression judiciaire. La IIIe République naissante, successivement dirigée par Adolphe Thiers et par Patrice de Mac Mahon, partisan de l’ordre moral, cherche à effacer les traces de la Commune, dont les figures principales sont exécutées, emprisonnées ou déportées, les actes administratifs annulés, et les réformes sociales oubliées.
Cette volonté de retour à l’ordre se traduit aussi par l’effacement des stigmates du siège et des combats de la Semaine sanglante. Les bâtiments sont reconstruits et les propriétaires victimes des destructions dédommagés.
Le programme de la Commune n’est toutefois pas oublié. La République prend un tour plus démocratique et apaisé à l’extrême fin des années 1870, amnistiant les anciens communards, puis reprenant à son compte à partir des années 1880 un certain nombre de projets de la Commune, à l’instar de l’éducation laïque, ou de la séparation des Églises et de l’État.
Depuis lors, la Commune représente un enjeu mémoriel complexe. Souvent méconnu car peu enseigné, cet épisode reste une référence pour le mouvement ouvrier, comme en témoignait la foule présente devant le mur des Fédérés le 24 mai 1936. 150 ans plus tard, la polémique autour du classement comme monument historique de la basilique du Sacré-Cœur, associée à la répression de la Commune, montre que son souvenir reste vif.