Poème de Louise Michel, " Attente "

Poème de Louise Michel, « Attente », novembre 1871. Archives de Paris, D1J 19.

Date : novembre 1871
Thème : La répression
Fonds privés départementaux : pièces isolées
Cote : D1J 19

Louise Michel fait partie des figures emblématiques de la Commune. Institutrice dans une école de la rue Houdon dans le 18e arrondissement, elle participe activement à la Commune avant de se rendre aux Versaillais en mai 1871 pour faire libérer sa mère, emprisonnée à sa place.

Interrogée par le conseil de guerre en juin 1871, elle est transférée à la prison d’Arras, d’où elle écrit en novembre 1871 le poème « Attente », dans lequel elle fait référence à l’écrasement par la république conservatrice, incarnée par Thiers, de l’idéal révolutionnaire et autogestionnaire de la Commune.

Il y est ainsi fait référence à la condamnation à mort de Théophile Ferré, animateur, avec Louise Michel, du comité de vigilance du 18e arrondissement, membre de la Commission de Sûreté générale, substitut du procureur de la Commune, puis délégué à la Sûreté générale. Accusé d’avoir donné l’ordre de fusiller les généraux Lecomte et Clément Thomas le 18 mars 1871 et celui d’incendier le ministère des Finances, il fut arrêté dans la nuit du 8 au 9 juillet 1871, traduit en conseil de guerre, et exécuté le 28 novembre, malgré les efforts de Louise Michel pour le sauver.

Se lit derrière le poème le témoignage d’une révolutionnaire constatant, désabusée, le triomphe de la république de l’ordre sur les morts de la Commune et leurs « rouges bannières », réduits au silence. Ce péché originel de la IIIe République nourrira la critique à son endroit des mouvements de gauche révolutionnaire, l’accusant de bafouer les libertés et l’égalité. A contrario, les mouvements de droite antirépublicaine n’auront de cesse de lui reprocher son inaptitude à garantir l’ordre et la sécurité.

Voici sa transcription :

« Le frère fou la mère morte
Et le vieux père prisonnier
La sœur (1) attend ! que vous importe
Il est autre chose à penser
Buveurs Gens de l’ordre tenez vos verres
Vos soldats vont exécuter
Et vous à nos rouges bannières
Saluez Ferré (2) va tomber
…La république est établie
Et nous avons l’ordre et la paix
Comme autrefois dans Varsovie
Car les morts ne partent/parlent jamais … »

(1) Marie Ferré est la sœur du Communard Théophile Ferré.
(2) fusillé pour avoir donné l’ordre d’exécuter des otages.

Pistes pédagogiques :

  • Établir les biographies de Théophile Ferré et de Louise Michel.

Compléments :