Une du Père Duchêne (n° 60)

Une du Père Duchêne (n° 60), 15 mai 1871. Archives de Paris, DE1 BESSIER 1.

Date : 15 mai 1871
Thème : La presse communarde
Fonds : Fonds privés départementaux
Cote : DE1 BESSIER 1

Entre le 7 mars et le 22 mai 1871, Eugène Vermersch, Maxime Vuillaume et Alphonse Humbert font revivre le Père Duchesne, titre de presse publié sous la Révolution française et paru au XIXe siècle sous plusieurs variantes lors des épisodes révolutionnaires.

La figure du Père Duchesne apparaît pour la première fois en 1788. Réparateurs de fours, il s’agit d’un personnage fictif d’éternel insurgé dénonçant les injustices, incarnant le petit peuple parisien. Les journaux de huit pages portant son nom relaient ses joies et ses colères, et se caractérisent par l’emploi d’un langage familier, souvent outrancier, teinté d’argot.

Sous la Commune, le quotidien paraît sous l’orthographe modernisée de Père Duchêne. Sa filiation avec le titre de presse de la Révolution est clairement exprimée par l’indication de la date du calendrier révolutionnaire, inscrivant la Commune dans la lignée des combats menés par les Parisiens depuis 1789. En tête de la première page du journal, se trouve une gravure sur bois de Frédéric Régamey avec la devise « La République ou la mort », référant là encore à des slogans de l’époque de la Révolution française. Le dessin figure un sans-culotte coiffé d’un bonnet phrygien tenant le triangle égalitaire de la main droite, et un canon de la main gauche. Derrière lui se trouve un lion, symbole du suffrage universel. Le sans-culotte triomphe de la religion et de la monarchie, incarnée par la mitre, la crosse et la couronne à ses pieds, ainsi que par la volée d’oiseaux noirs s’échappant au loin.

La publication du Père Duchêne est interdite par le général Vinoy, gouverneur de Paris, le 11 mars. Le titre paraît de nouveau à partir du 21 mars. À partir de cette date, la vente des journaux populaires est libre, tandis que celle du Gaulois ou du Figaro, favorables à Versailles est interdite. Le Père Duchêne est sans doute le journal le plus apprécié du Paris populaire, 50 ou 60 000 exemplaires en sont tirés quotidiennement, mais d’autres journaux communards paraissent, comme Le Cri du Peuple de Jules Vallès, ou Le Vengeur de Félix Pyat. Une presse républicaine, anti-versaillaise sans être favorable à la Commune, est également vendue, avec des titres comme Le Mot d’ordre d’Henri Rochefort.

Pistes pédagogiques :

  • Retrouver sur BnF Gallica (voir compléments) les unes des autres journaux parus à la même date et les comparer avec celle du Père Duchêne. Ont-ils aussi un en-tête du même genre ? 

Compléments :