Après la guerre civile : la fracture
Le 29 mai 1871, les 19 officiers fédérés et leurs 344 hommes au fort de Vincennes, dernier bastion communard, se rendent à l’armée de Versailles. C’est officiellement la fin de la Commune de Paris.
Avec le retour de l’ordre, les arrestations, les procès, les persécutions, les déportations et les exécutions vont commencer. Il faut punir : la Commune sera la dernière révolte parisienne. Zone de guerre, Paris est sous contrôle militaire. On désarme la population.
Dans les rues de la capitale, la reconstruction commence. On procède à l’inhumation en masse des insurgé.es, on démantèle les barricades et on évalue les dégâts. Les services administratifs se réorganisent. Les fonctionnaires qui ont continué à travailler sous la Commune sont inquiété.es. La IIIe République naissante, successivement dirigée par Adolphe Thiers et par Patrice de Mac Mahon, partisan de l’ordre moral, cherche à effacer les traces de la Commune.
Pour autant, dans la population parisienne, les stigmates de la guerre civile perdurent plusieurs mois après la fin de la lutte armée. L’hostilité s’est transposée dans une ville divisée entre les beaux quartiers, où vivent les partisans de Versailles, et les faubourgs populaires où se concentrent les soutiens à la Commune. Une franche opposition a vu le jour au sein de la population, fracture idéologique destinée à durer.
Depuis lors, la Commune représente un enjeu mémoriel complexe. Souvent méconnu car peu enseigné, cet épisode reste une référence pour le mouvement ouvrier, comme en témoignait la foule présente devant le mur des Fédérés le 24 mai 1936.
150 ans plus tard, la polémique autour du classement comme monument historique de la basilique du Sacré-Cœur, associée par ses détracteurs à la répression de la Commune, montre que son souvenir reste vif.