Le déménagement des halles : aménagement, oppositions et conservation du patrimoine
Le déplacement les halles en dehors de Paris est décidé une première fois en 1943 par le Conseil national de la Résistance autour du programme de reconstruction de la France après l’Occupation. L’idée est abandonnée, puis reprise au début des années 1950 avec les marchés-gares dans la périphérie proche de la capitale. Mais le transfert n’est pas encore réalisé.
Il semble de plus en plus nécessaire au gouvernement de revoir totalement les circuits commerciaux de vente en gros. Sur l’ensemble du territoire, un réseau de marchés d’intérêts nationaux (MIN) est mis en place afin d’’améliorer les conditions de distribution des denrées alimentaires et aboutir au prix le plus juste.
Les halles centrales de Baltard, après un siècle de fonctionnement, ne sont plus en mesure d’assurer cette mission et doivent être remplacées par un marché plus moderne, en adéquation avec les défis de l’approvisionnement d’une société à la démographie galopante.
Les encombrements, la vétusté des habitations du quartier, la monopolisation des voies la circulation, l’hygiène et la pression démographique posent depuis de nombreuses années des problèmes quotidiens dans le quartier des halles. Le 6 janvier 1959, le gouvernement prend la décision de leur transfert dans un espace plus approprié, le MIN de Rungis, construit à cet effet. Dix ans plus tard et après une longue mise en place, le déménagement commence le 3 mars 1969 pour s’achever en janvier 1973 par le départ des derniers grossistes en viande, abats et volailles. L’aménagement de l’espace rendu libre, appelé plus tard « le trou des halles », est programmé dans le même temps dès la fin des années 1960.
Cette décision provoque des réactions importantes de la part des Parisiens qui signent des pétitions et animent des groupes de pressions contre la destruction des pavillons et les expropriations engendrées par la rénovation du quartier. C’est la fin d’une activité devenue mythique dans le paysage et la définition même de Paris. Les institutions culturelles s’interrogent sur la façon de conserver ce patrimoine architectural et décident finalement en 1972 de remonter le pavillon n°8 à Nogent-sur-Marne. Il sera inauguré deux ans plus tard.
De nombreux reportages dans la presse écrite ou à la télévision veulent inscrire dans la mémoire collective les images de la vie et l’activité des halles et insister sur « la fin d’un monde ». Les photographies prisent par les urbanistes de l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) dans le cadre de l’aménagement du quartier, contribuent à cette mémoire. Toute la France va suivre dans les médias de l’époque l’immense chantier de destruction des pavillons.
Entre la décision du transfert des halles et l’inauguration du forum des halles, plus de 20 ans se seront écoulés.
Sources principales
- Les Halles de Paris, l’histoire d’un lieu, les péripéties d’une reconstruction, la succession des projets, l’architecture d’un monument, l’enjeu d’une « Cité », Bertrand Lemoine, Éditions l’Équerre, 1980. Archives de Paris, 21Eb 106.
- Fonds de l’APUR (Atelier parisien d'urbanisme), de la SEMAH (Société anonyme d'économie mixte d'aménagement et de restauration du secteur des halles) et de la préfecture de Paris.