Architecture scolaire à Paris
Longtemps, l’école n’a pas été un lieu mais une pratique. Les écoles sont alors abritées dans des édifices qui peuvent aussi bien accueillir un couvent, un hôpital ou une caserne. L’apparition d’un bâtiment scolaire indépendant et clairement identifiable ne se fait qu’au XIXe siècle.
Sous le règne de Louis-Philippe, une architecture proprement scolaire voit le jour, en même temps que celle d’autres bâtiments publics (marché, prison, mairie, etc.). Mais le programme est alors la base du projet architectural : à chaque institution correspond un type d’édifice particulier.
Le type architectural de l’école se précise durant le dernier tiers du XIXe siècle. C’est la IIIe République qui donne sa réalité à l’architecture scolaire. En 1880 est promulgué un règlement pour la construction et l’aménagement des maisons d’écoles.
La réforme de l’enseignement, voulue par l’inspecteur d’académie Octave Gréard, conduit à l’abandon de la classe unique, capable d’accueillir jusqu’à 300 élèves, au profit de classes de niveaux de 50 élèves. Les locaux deviennent bien souvent trop exigus ou inadaptés, en particulier dans le Nord-Est ouvrier, où les effectifs sont les plus importants. Puis, les lois Ferry, en rendant obligatoire la scolarisation des enfants de 6 à 13 ans, appellent à la création de nouvelles écoles mais aussi au réaménagement voire au déplacement des écoles existantes.
Dans un premier temps, des bâtiments provisoires en bois s’élèvent dans tout Paris. Mais bientôt, de grands programmes de construction sont lancés. Entre 1880 et 1920, Paris devient le laboratoire des architectes qui se pressent pour participer à ce mouvement. De 240 en 1889, le nombre d’écoles dans la capitale passe à 420 en 1902, d’après les chiffres collectés par l’historien Jean-Noël Luc.
Les écoles construites à cette période se rejoignent dans une grande unité architecturale, née de l’addition d’une définition administrative de la distribution des espaces et d’une conception rationaliste où chaque partie a une fonction distincte.
Pourtant, derrière cette unité, les bâtiments scolaires diffèrent beaucoup en fonction de leur lieu d’implantation, de leur vocation et des courants d’idées dans lesquels ils ont vu le jour.
Aujourd’hui, ces bâtiments représentent le tiers des édifices scolaires encore en usage à Paris.