Protestation contre l'exclusion des personnes noires des wagons de première classe.
Dates : 5 et 18 septembre 1940
Thèmes : Racisme. Politique d’exclusion. Protestations
Fonds : Administration centrale des transports en communs de Paris
Cote : PEROTIN/10331/56/1 33
Malgré la demande des autorités allemandes de ne pas rendre publique la décision d’exclure les personnes noires des wagons de 1ère classe, une affiche a été produite par les services de la CMP, sans pour autant être placardée.
Les agents ont obéi à cette exigence avec plus ou moins de conviction. Des heurts se sont produits aux guichets des stations et la politique nazie a été dévoilée au public.
Différentes personnalités antillaises ou africaines actives au sein d’associations comme le Groupe pour le souvenir de Victor Schœlcher, de journaux comme l’Echo des Antilles, font parvenir à la préfecture de la Seine et à la préfecture de Police des lettres de protestation contre ces mesures excluantes (documents en complément).
Leur cible semble être l’ingénieur en chef du service du mouvement du chemin de fer de Paris.
Le préfet de la Seine, Achille Villey, dans sa lettre au secrétaire d’État aux communications indiquant les manquements à la convention d’armistice, assure que cette exclusion en est un.
L’administration des chemins de fer de Paris fait de même dans son Relevé d’incidents relatifs à l’application de la convention d’armistice (document en complément).
Durant le début de l’Occupation, ces relevés d’incidents sont relativement nombreux, mettant en lumière les réquisitions forcées de locaux et de personnels ainsi que la politique d’exclusion de l’Allemagne nazie.
Si les relevés d’incidents à la préfecture de la Seine continuent jusqu’à la fin de la guerre, ils n’ont plus la même fonction.
Pistes pédagogiques :
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Repérer dans la lettre de protestation du « Groupe pour le souvenir de Victor Schœlcher », les réactions des agents du métro face à l’interdiction faites aux personnes noires de voyager en 1ère classe.
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Faire ressortir les arguments présents dans les lettres de protestation en complément.
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Montrer que la dimension raciste de la politique nazie est considérée comme un non-respect de la convention d’armistice, en tout cas au début de l’Occupation.
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Associer les documents avec d’autres concernant les politiques d’exclusion des autorités d’occupation, si l’on veut travailler sur ce thème.
Compléments :
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Lettre de protestation de Victor Basquel, président honoraire de la cour d’appel au préfet de police, 6 septembre 1940. Archives de Paris, PEROTIN/10331/56/1 33.
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Pétition des « Nègres de Paris et du département de la Seine » interdisant les wagons de 1ère classe « aux personnes de race noire » déposée par le Groupe pour le souvenir de Victor Schœlcher, 9 septembre 1940. Archives de Paris, PEROTIN/10331/56/1 33.
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Lettre de protestation de l’Écho des Antilles, adressé au préfet de la Seine, 29 octobre 1940. Archives de Paris, PEROTIN/10331/56/1 33.
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Relevé d’incidents relatifs à l’application de la convention d’armistice des Chemins de fer de Paris adressé à la préfecture de la Seine, 26 décembre 1940. Archives de Paris, PEROTIN/10331/56/1 33.
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Article : Dewitte Philippe. Les mouvements nègres en France, 1919-1939. Conclusion générale. In: Hommes et Migrations, n°1257, septembre-octobre 2005. Trajectoire d'un intellectuel engagé. Hommage à Philippe Dewitte.