Note des maires des 15e et 20e arrondissements à la préfecture de la Seine : des miliciens brisent le buste de Marianne.
Date : 28 avril 1944
Thèmes : Milice. Exactions. Collaboration
Fonds : Cabinet de la préfecture
Cote : PEROTIN/1011/44/1/23 1
La Milice française a pour but « d’animer la vie politique du pays par sa propagande et son action ». Les miliciens, formés comme une armée du gouvernement de Vichy, sans territoire réel depuis 1942, date à laquelle il n’y a plus de zone non occupée, sont investis de missions de contrôle, de propagande et font régner l’ordre de la Révolution nationale.
À sa création, la majorité des miliciens ne sont pas permanents et se retrouvent lors des réunions pendant lesquelles sont décidées les actions (caritatives, contrôle, coups de poing, etc.). Ce sont les membres de la Franc-Garde, jeunes, disciplinés, entraînés et logés en caserne de façon permanente qui sont aptes à maintenir l’ordre en cas d’insurrection. Comme le Secours national qui centralise toute l’aide humanitaire, la Milice apparaît comme un état dans l’État Français.
Avec la nomination le 1er janvier 1944 de Joseph Darnand comme secrétaire d’état au Maintien de l’ordre, la Milice étend son pouvoir et ses activités à la zone nord. Les mairies d’arrondissement de Paris reçoivent l’ordre de céder une salle de réunion en fonction de ses besoins. Les deux incidents rapportés à la préfecture ont fortement heurté l’opinion publique qui critiquait depuis peu le gouvernement de Vichy. Il est possible qu’il y ait eu d’autres exactions dans les mairies parisiennes, mais elles n’ont pas été rapportées officiellement comme c’est le cas ici. On trouve cependant une lettre de ce directeur d’école qui raconte comment des miliciens sont entrés en toute impunité dans l’école pour détruire le buste de Marianne (document en complément).
Source principale : Azéma Jean-Pierre. La milice. In: Vingtième Siècle, revue d'histoire, n°28, octobre-décembre 1990.
Pistes pédagogiques :
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Contextualiser les documents avec une chronologie de l’Occupation et du régime de Vichy.
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Mettre en avant le caractère particulier de ces deux rapports à la préfecture : la destruction de bustes de la République sous l'occupation allemande par les militants vichystes.
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Expliquer l’attitude des miliciens.
Compléments :
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Lettre du directeur de l’école, 20 rue Étienne Marcel (2e arrondissement) à l’inspecteur de sa circonscription pour signaler des exactions de miliciens dans l’école, 26 mai 1944. Archives de Paris, PEROTIN/1011/44/1/23 1.
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Lettre du préfet de la Seine au Secrétaire général au maintien de l’ordre, juin 1944. Archives de Paris, PEROTIN/1011/44/1/23 1.
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Compte-rendu à la préfecture « d’incident survenu dans le métro » impliquant des miliciens, 6 mai 1944. Archives de Paris, PEROTIN/1011/44/1/23 1.