Grève des forts de la vente en gros des fruits et légumes

Grève des forts de la vente en gros des fruits et légumes, 1962. Archives de Paris, 1338W 2062.

Date : 1962
Thème : forts des halles, manutention pour les vendeurs
Fonds : Direction des finances de la Ville de Paris, sous-direction des affaires économiques, approvisionnement, halles centrales
Cote : 1338W 2062

Les manutentions, déchargement et enlèvement des denrées se font sous la surveillance des forts.

Ces héritiers de la corporation des porteurs des halles instituée depuis Napoléon 1er, sont organisés en syndicat depuis la fin du XIXe siècle et ont une caisse de retraite. Ils sont employés par la préfecture de police et répartis en sections correspondant à chaque pavillon du marché et du carreau, selon une hiérarchie particulière. Ainsi les chefs portent-ils une médaille en argent et les simples forts, une médaille en cuivre. Leurs prérogatives s’étendent au-delà de la manutention depuis le début du XXe siècle et sont autorisés à verbaliser comme d'autres employés municipaux.

Ils assurent le déchargement des colis en se faisant aider par des renforts, essentiellement des « clochards » qui manutentionnent les marchandises à leur place. Les tasseurs, professionnels ou non, dressent ensuite le tas des denrées.

Seuls les forts ont le droit de sortir les marchandises des pavillons et touchent une taxe à cet effet. Ils contrôlent le fonctionnement du marché avec la surveillance des marchandises, le relevé du tonnage, la perception des taxes de d’emplacement, de resserre, etc.

Ils organisent aussi entièrement le carreau grâce au marquage des places au sol (les places attitrées n’existent pas) et aux taxes du mètre (emplacement au mètre pour les forains du carreau non abonnés).

Les demandes d’embauche sont nombreuses et le recrutement se fait sur concours. L’inscription fait déjà l’objet de prérequis : obligations morales et civiques, épreuve du portage d’au moins 200 kg sur 60 mètres. Le dernier concours est organisé en 1952 et on dénombre alors 710 forts considérés comme les "aristocrates" des halles.

Au début du siècle, leur tenue de travail particulière permet de les identifier d’un coup d’œil : une blouse en grosse toile, un chapeau à larges bords retombant à l’arrière sur les épaules et plombé pour supporter le poids des charges, et surtout la médaille aux armes de la Ville de Paris.

Pistes pédagogiques

  • Repérer dans le document les spécificités du métier de fort (manutention et perception des taxes) et les éléments indiquant que cette profession est organisée (syndicat, grève...).

  • Grâce au document, faire observer le poids de cette profession dans l’organisation des halles : ils sont remplacés par les mandataires eux-mêmes et des agents de la préfecture. La grève n’est pas cassée avec du personnel embauché à l’heure, par exemple.

  • Étudier les revendications (aménagement de nuit de 23h à 2 h). Relever aussi la période d’activité des halles.

Compléments

  • Tableau accompagnant les revendications des "forts" sur la superficie et la vétusté de leurs locaux, 1959. Archives de Paris 1338W 2062.