Les Parisiens "au spectacle des aéronefs ennemis", mars 1915

Extrait du " Journal d'un Parisien pendant la guerre". V23S 1.

Extrait du "Journal d'un Parisien pendant la guerre"

Date : mars 1915
Thème : réaction des Parisiens face aux premiers survols d’aéronefs ennemis
Cote : V23S 1

L’auteur du « Journal d’un Parisien pendant la guerre » est  Maurice Artus, libraire-bouquiniste à Montmartre et ami des artistes peintres, dessinateurs et poètes de la Butte. Il retrace au jour le jour la vie du quartier et de Paris de 1914 à 1919. Il a 64 ans au début de la guerre et n’est donc plus mobilisable. Cependant, il est très impliqué dans le soutien aux victimes de la guerre, et dans la vie de son quartier durant le conflit.

Cet extrait raconte les réactions de la population face à une alerte de bombardement par aéronef. Les Parisiens sont en train de monter vers le Sacré-Cœur pour assister au « spectacle ».

Transcription :

(…) Et les rues qui gravissent les pentes sont encombrées de curieux qui se hâtent plein d’entrain et de gaîté vers les points d’où l’on pourra voir quelque chose.
Sur le parcours, les éteigneurs de bec de gaz se dépêchent aidés par toutes les bonnes volontés et si aux fenêtres des maisons quelque lumière brille encore, des cris, des lazzis, et même des cailloux qui ne s’arrêtent que lorsque la lumière s’éteint.
Au 5eme étage d’une maison de la rue Lepic une lumière continue à briller  malgré les cris de la foule arrêtée devant la maison. Les agents arrivent, ils montent avec la concierge frappent à la porte mais personne ne répond. Naturellement, les mots espions, signaux circulent dans le public.
Finalement la lumière s’éteint et l’on apprend que la locataire dans sa hâte de descendre dans la rue avait oublié d’éteindre sa lampe.
Des autos gravissent aussi la Butte, l’emplacement de Paris n’offre aux regards qu’un vaste trou noir, mais surprise ! du coin de la rue des Saules et la rue St Rustique on découvre toute la plaine St-Denis où là, aucune lumière n’est éteinte, et le contraste de l’obscurité où nous sommes fait briller la Plaine d’un éclat d’autant plus vif.
Devant le Sacré-Cœur, rue Azaïs, sur les marches des escaliers, une foule énorme qui malgré le temps couvert et une bruine légère qui commence à tomber, stationne ou se promène.

Pistes pédagogiques

  • Le texte peut être mis en relation avec la carte postale qui exprime bien le sentiment des Parisiens face aux premiers survols de la capitale par les aéronefs ennemis.
  • Faire repérer les différents éléments d’informations concernant :
  1. Les précautions à prendre contre les bombardements (éteindre les lumières publiques et privées).
  2. Le rôle de la foule : attentive, participative mais aussi rapide en rumeur.
  3. Le climat de gaîté.
  4. La différence de traitement entre la capitale et la Plaine Saint-Denis toute proche.