16 décembre 1871 : procès de Louise Michel

Poème de Louise Michel Attente, novembre 1871. Archives de Paris, D1J 19.

Document : L'Attente, de Louise Michel
Date : novembre 1871
Fonds : fonds privés départementaux
Cote : D1J 19

Institutrice, militante anarchiste et féministe, Louise Michel est devenue l’une des figures féminines les plus emblématiques et les plus connues de la Commune, pour la pertinence et l’actualité de son combat et de certaines de ses idées dans notre société moderne. «  Si l’égalité entre les deux sexes était reconnue, ce serait une fameuse brèche dans la bêtise humaine », déclarait-elle. Très investie dans les combats armés pendant la Commune, Louise Michel apparaît peu dans les documents produits par le gouvernement communal conservés aux Archives de Paris. Elle figure en revanche dans un document issu du fonds versé aux Archives de Paris par le rectorat. Il s’agit de l’état de situation des écoles publiques et libres pour l’année 1870, où elle est recensée en tant qu’institutrice de l’école située au 24 de la rue Oudot, dans le 18e arrondissement. Georges Clemenceau, élu maire de cet arrondissement en novembre 1870, dira de cette école nouvelle qu’elle a elle-même créée : « Je ne puis dire que son école était absolument correcte au sens où on l’entend à la Sorbonne. Cela tenait un peu de l’école du roi Pétaud. On y enseignait à tort et à travers des méthodes inconnues, mais en somme, on y enseignait. » (La Mêlée sociale, 1895).

Louise Michel se rend le 24 mai 1871, en échange de la libération de sa mère. Le 11 novembre, elle est transférée à la prison d'Arras, où elle compose ce poème. Ramenée à Versailles le 29 novembre, elle est condamnée par le conseil de guerre du 16 décembre à la déportation à vie dans une enceinte fortifiée.

Embarquée le 9 août 1873 à Saint-Martin-de-Ré sur le Virginie, Louise Michel arrive en Nouvelle-Calédonie le 8 décembre. Sa peine est commuée en déportation simple par décision du 8 mai 1879, puis réduite à 10 années de bannissement à partir du 3 juin 1879. Par décision du 16 décembre 1879, elle bénéficie d’une remise du reste de sa peine. 

À son retour en France en 1880, elle est accueillie sur le quai de la gare par Clemenceau, Louis Blanc, Henri Rochefort ainsi qu’une foule de plusieurs milliers de personnes.

Héroïne de la cause anarchiste, elle sillonne la France pour donner des conférences et participer à des réunions politiques publiques. Étroitement surveillée par les autorités, elle est à de nombreuses reprises inquiétée par la justice, voire incarcérée. Au début des années 1890, elle se résout à quitter la France et rejoint d’autres proscrits installés à Londres. Toutefois, elle continue à voyager et poursuit ses activités politiques et ses apparitions publiques.

Malade, Louise Michel s’éteint le 9 janvier 1905 à Marseille, à l’âge de 75 ans. Son corps est rapatrié à Paris pour être inhumé, le 21 janvier, au cimetière de Levallois.

Académie de Paris, enseignement : états de situation des écoles publiques et libres, 1870. Archives de Paris, D2T1 212.