26 mai 1871 : massacre de la rue Haxo et inhumations en masse
Document : photomontage du massacre de la rue Haxo
Date : 1871
Fonds : fonds privés départementaux
Cote : D1Z 55
Le 26 mai 1871, les Versaillais continuent leur progression et prennent le contrôle de la place du Château-d’Eau (actuelle place de la République) et du faubourg Saint-Antoine.
Près du Panthéon, le journaliste républicain Jean-Baptiste Millière, élu député de la Seine aux élections du 8 février 1871, est arrêté par les hommes du général Cissey et du capitaine Garcin, de l’armée régulière. Millière n’est pas un Communard, mais on le méprend pour un homonyme gradé de la garde nationale. Il est exécuté, son épouse arrêtée. Cette dernière, relâchée le 13 août 1871 à la suite d’un non-lieu, intente en 1873 un procès au capitaine Garcin, dont elle est déboutée.
Acculés, les fédérés fusillent dans la rue Haxo 52 prisonniers évacués de la prison de la Roquette, essentiellement des ecclésiastiques et des gendarmes versaillais. Cette exécution, perpétrée en application du décret des otages du 5 avril (voir le billet du 6 avril), suscite un très vif émoi dans le camp versaillais, et plus largement dans l’opinion publique. Après la répression de l’insurrection, plusieurs ouvrages, comme celui d’Hippolyte Vauvray, rendent hommage aux « Martyrs de la Roquette ». Une concession à perpétuité est ouverte pour les gendarmes dans le cimetière de Belleville. Enfin, après de nombreux projets pour une œuvre expiatoire, l’église Notre-Dame-des-Otages est construite en 1932 au n°85 de la rue Haxo, dans le 20e arrondissement.
Il est plus compliqué d’établir un bilan précis du nombre de Communard.es tombé.es pendant la Semaine sanglante. Le chiffre varie, selon les estimations des historien.nes, entre 10 000 et 30 000 victimes. Les documents conservés aux Archives de Paris, comme ceux produits par l’administration des cimetières, évoquent partiellement ou en creux la masse des corps. Pour la seule journée du 8 juin 1871, le rapport de l’ingénieur en chef du service de la voirie fait état de 5517 inhumations. Une note du service des cimetières révèle que du rhum a été distribué aux ouvriers chargés d’enfouir les cadavres, trahissant l’ampleur effroyable et la difficulté de la tâche. Dans les mois qui suivent, des rapports émanant de la préfecture de Police alertent les services de la préfecture de la Seine sur les problèmes de salubrité publique causés par l’inhumation hâtive d’un grand nombre de fédérés, notamment dans les carrières d’Amérique, dans le 19e arrondissement.