21 mai 1871 : début de la Semaine sanglante
Document : tract pour des cours publics et gratuits pour jeunes filles
Date : avril 1871
Fonds : administration de la Commune de 1871
Cote : VD3 15
Le 21 mai 1871, Édouard Vaillant, délégué de la Commune à l’enseignement, institue une commission pour l’organisation et la surveillance de l’enseignement dans les écoles de filles. Les membres de cette commission, nommées par l’arrêté paru au Journal officiel du 22 mai 1871, sont André Léo, Anna Jaclard, Isaure Périer, Noémi Reclus et Anna Sapia. Elles ont notamment pour rôle de poursuivre la coordination des actions éducatives menées au niveau des arrondissements, comme ces cours publics et gratuits pour jeunes filles dispensés dans le 17e arrondissement par une dénommée Louisa Lamotte. Il pourrait par ailleurs s’agir d’une jeune créole, née à la Nouvelle-Orléans en 1848 et arrivée en France peu après sa naissance, autrice en 1881 de l’ouvrage « De l’enseignement secondaire des filles ».
L’après-midi même, un dimanche, un grand concert de la Garde nationale est organisé au profit des veuves et orphelins de la Commune. Initialement prévu place de la Concorde, il se tient finalement aux Tuileries, car les obus versaillais s’abattent depuis la veille jusqu’aux abords des Champs-Élysées. Alors que le concert se termine, l’avant-garde des troupes versaillaise pénètre dans Paris par la Porte du Point-du-Jour, dans le 16e arrondissement.
Ainsi commence la Semaine sanglante… Ce 21 mai 1871, la Commune de Paris a tenu sa dernière séance.
Les Archives de Paris conservent quelques récits de Parisien.nes évoquant la violence des combats, comme cette lettre de Madame Chevallat envoyée à sa fille le 30 mai 1871, dans laquelle elle écrit :
« Toute la nuit du dimanche [21 mai] au lundi les églises ont sonné le tocsin puis la générale dans les rues retentissait avec rage, nous apprenons alors que les Versaillais étaient entrés dans Paris […] A partir de ce moment les obus à pétrole partant du Paire (sic) Lachaise commencent à pleuvoir sur Paris en passant juste au dessus de notre tête, le sifflement était affreux, le mercredi soir je fais descendre les enfants dans la cave, jour et nuit les insurgés venaient le pistolet à la main nous sommer de leur donner des outils pour faire leur baricades et chevaux et voiture pour conduire leur munitions ce qu’il fallait faire étant menacées par eux de recevoir du pétrole si nous n’obéissions. À deux heures de cette horrible nuit les insurgés frappent et nous ordonnent de laisser la grande porte ouverte d’y mettre une lanterne afin disent-ils de pouvoir se réfugier chez nous si les versaillais arrivent, ils en font autant dans tout le quartier, juge de notre angoisse… ».
Ce témoignage reflète probablement l’expérience terrifiante vécue par une grande partie des Parisien.nes qui, ni Communard.es, ni partisans de l’ordre, tentent de survivre dans un Paris transformé en zone de guerre.