17 mars 1871 : Adolphe Thiers à Paris pour y ramener l'ordre
Document : affiche d'Adolphe Thiers s’adressant aux Parisien.ne.s en amont de la reprise des canons de la garde nationale
Date : 17 mars 1871
Fonds : documents figurés
Cote : Atlas 527
Le 16 mars 1871, le chef du gouvernement Adolphe Thiers regagne Paris pour y ramener l’ordre. Il nomme à la tête de la préfecture de Police le général Louis Ernest Valentin. Placer un militaire, membre de l’état-major, à la tête de l’une des deux instances administrant la Ville constitue un choix évidemment symbolique et éminemment significatif.
Au-delà des émeutes et des tentatives d’insurrection pendant le siège (les 8 et le 31 octobre 1870, le 22 janvier 1871), la lutte a déjà commencé, sur les murs de la capitale, entre les futur.e.s insurgé.e.s et le parti de l’ordre. Depuis que l’affiche rouge appelant à la Commune a été placardée sur les murs de la capitale dans la nuit du 5 au 6 janvier 1871, c’est une guerre des mots que se livrent les deux camps pour tenter de rallier l’opinion à leur cause.
Cette affiche de Thiers en date du 17 mars 1871 est une réponse directe à celle du 4 mars et au vote des statuts du Comité central de la Fédération le 15 mars. Jetant le discrédit sur les motivations des bataillons séditieux, Thiers évoque les canons « dérobés à l’État » et braqués sur Paris et ses habitant.e.s. Il s’agit en réalité des canons achetés par souscription des Parisien.ne.s pour la défense de leur ville pendant le Siège. Entreposés dans les zones destinées à être occupées par les Prussiens selon l’accord d’armistice, ils ont été transportés, sur ordre de l’état-major, sur les collines de Belleville et de Montmartre, afin qu’ils ne tombent pas aux mains de l’ennemi prussien. En appelant les « hommes de bonne foi [à] se séparer des hommes de mauvaise foi », Thiers pose donc un ultimatum clair aux Parisien.ne.s à la veille de l’opération militaire pour reprendre ces 271 canons aux gardes nationaux insurgés. Un appel au calme et à renoncer à toute résistance, sous la menace d’une riposte armée : « cet avertissement donné, vous nous approuvez à recourir à la force ». Menace qui ne suffit cependant pas à fléchir la détermination des insurgé.e.s...