10 mars 1871 : l'Assemblée nationale s'installe à Versailles
Document : 2 lettres de demande de secours adressées au maire du 17e arrondissement par des gardes nationaux
Date : 21 et 28 janvier 1871
Fonds : administration de la Commune de 1871
Cote : VD3 15
Le 10 mars 1871, l’Assemblée nationale décide de quitter Bordeaux pour s’installer à Versailles. Lieu hautement symbolique autrefois siège de l’absolutisme, Versailles est également l’endroit où, moins de deux mois auparavant, Guillaume II, commandant les armées ennemies de la France, a été proclamé empereur d’Allemagne par ses pairs.
L’Assemblée vote également la fin du moratoire des dettes, effets de commerce et des loyers qui avait été mis en place à Paris pendant la guerre. Enfin, elle supprime la solde des gardes nationaux.
Une large majorité de la population parisienne cruellement paupérisée par le siège et ses conséquences, directes ou indirectes, est frappée de plein fouet par ces mesures qu’elle anticipait pourtant dans la crainte depuis déjà quelques semaines.
Les Archives de Paris conservent dans leurs fonds plusieurs lettres de demande de secours adressées aux édiles locaux par des gardes nationaux aux abois. À cette détresse financière et sociale s’ajoute désormais le camouflet infligé par l’Assemblée nationale.
« Paris le 21 janvier 1871
A Monsieur le Maire du 17e arrondissement,
Monsieur le Maire,
Je vous prie de vouloir bien prendre en considération la demande du certificat de mon Capitaine et celui de M. le Docteur pour les allocations qui sont dues aux gardes nationales.
Ma femme est depuis 3 semaines au lit perclue des 4 membres de douleurs attrappées à la suite des queues faites à la porte des bouchers : de plus, elle nourrit son enfant qui n’a que 7 mois. L’enfant est inscrit à votre mairie. La mère est née à Paris, nous sommes mariés à Paris : je suis natif de Bauvais (Oise) je suis à Paris depuis 1835.
J’ai toujours vécu largement de mon art : comme artiste-décorateur : je suis réduit par la guerre à faire appel à votre bonté M. le Maire et vous demander des secours pour ma femme malade et mon enfant.
Recevez, M. le Maire à l’avance mes remerciements et mes salutations empressées.
A. Daboncourt »« Paris 28 janvier 1871
Monsieur le Maire,
Faisant parti du 90em Bataillon 4em de Marche ancienne 8em Cie et étant chez moi malade de la variole, j’ai reçu jusqu’à la fin du mois présent ma paye de Gde Nationale sauf quelques erreurs ; j’ai oui dire que c’était le dernier paiement pour tous ; ne pouvant dans la position ou je suis, rester sans secours ; je viens par la présente vous prier de vouloir bien m’indiquer la marche à suivre pour obtenir un subside si toute fois la Gde Nationale n’est plus payé.
Veuillez je vous prie Monsieur le Maire faire réponse à un de vos serviteur.
Votre dévoué Ene Michel. »