1er mars : entrée des Prussiens dans Paris

Poème « De profundis pour la patrie », signé L., 28 février 1871. Archives de Paris, 6AZ 2, dossier 102.

Document : poème De profundis pour la patrie, signé L.
Date : 28 février 1871
Fonds : fonds privés
Cote : 6AZ 2, dossier 102

Le 1er mars 1871 à 10h, l’armée prussienne entre dans Paris par l’ouest pour occuper une partie du 16e arrondissement jusqu’à la signature des préliminaires de paix par l’Assemblée nationale. En signe de deuil, les journaux parisiens ne paraissent pas.

Le 28 février 1871, un poème intitulé « De profundis pour la patrie » est publié anonymement sous forme de tract. Déplorant la défaite et l’occupation, il se conclut par un appel à la guerre et à la vengeance.

Dans le même esprit et dans une lettre aux accents aussi vengeurs que prophétiques, Louis-Bernard Bonjean (1804-1871), président de section au Conseil d'État, écrit à un ami :

« Paris le 1er mars 1871.

Jour d’éternelle humiliation jusqu’à celui où sonnera l’heure de la revanche.

Mon cher ami, au moment où je vous écris, les Prussiens font leur entrée dans Paris… Ce n’était pas assez pour eux de nous ruiner, de nous démembrer, ils ont voulu nous humilier… oui humilier le Paris dont ils n’ont pu prendre, de force, un seul ouvrage ; le Paris qui n’a cédé qu’à la famine ; le Paris qui les eût écrasés sans l’incroyable ineptie, l’incapacité de ses chefs civils et militaires.

Nous sommes souffletés sur les deux joues, souffletés après que l’ineptie ou la couardise nous a fait rendre nos armes !

Eh bien, tant mieux ! Plus intolérable est l’outrage, plus grande est l’humiliation, plus ardente sera la soif de la Vengeance dons nos cœurs et ceux de nos enfants, jusqu’à la dernière génération ! […]

Et dire que c’est pour arriver à ce misérable résultat que nous avons enduré, depuis 5 mois, tant de souffrances morales et physiques ! »

Louis-Bernard Bonjean, avocat et homme politique de droite, assure pendant la Commune les fonctions de premier président de la Cour de cassation. Il sera arrêté comme otage par les Communards et fusillé le 24 mai 1871.

La capitale, plus divisée politiquement que jamais, est unie cependant dans une même émotion, l’humiliation ; une même réaction, la colère ; une même volonté, la vengeance.

Lettre de Louis-Bernard Bonjean à un ami, 1er mars 1871. Archives de Paris, D1J 18, dossier 404, page 1.

Lettre de Louis-Bernard Bonjean à un ami, 1er mars 1871. Archives de Paris, D1J 18, dossier 404, page 2 et 3.

Lettre de Louis-Bernard Bonjean à un ami, 1er mars 1871. Archives de Paris, D1J 18, dossier 404, page 4.