19 octobre 1870 : état d'esprit des hommes à la veille de la première bataille de Buzenval
Document : dossier disciplinaire du capitaine Flory, corps auxiliaire du génie militaire, légion Alphand
Date : octobre-décembre 1870
Fonds : administration communale, faits de guerre
Cote : VH4 3
Le 21 octobre 1870, le général Ducrot effectue, sur les ordres du gouverneur de Paris, une sortie dont le but est la reconquête des hameaux de Buzenval, de la Jonchère et de la Malmaison, afin de libérer la route de Versailles. Si l’opération n’est pas à proprement parler un échec, il ne s’agit pas non plus d’une victoire. Le camp français dénombre au terme de cette journée plus d’une trentaine de morts, ainsi que plusieurs centaines de blessés et de disparus. De surcroît, plusieurs pièces d’artillerie sont tombées aux mains des Prussiens. Mais surtout, l’état-major prussien n’a pas eu à lever le camp et occupe toujours Versailles et Saint-Nom-la-Bretèche.
Les Archives de Paris conservent, dans la section de l’administration communale, le fonds des « Faits de guerre », coté VH4 1-43. Outre des dossiers relatifs à la Garde nationale, on y trouve de nombreux documents traitant de l’organisation du corps auxiliaire du génie militaire. Cette compagnie, formée sous Napoléon III, est placée sous les ordres du colonel Adolphe Alphand, directeur de la voie publique et des promenades pour la municipalité parisienne lorsque la guerre éclate. Elle est principalement chargée d’œuvrer à la consolidation et à l’entretien des fortifications. Mais cet ensemble documentaire présente un intérêt particulier car il contient des dossiers disciplinaires à l’encontre de certains officiers. Le cas du capitaine Fleury, relativement bien étayé, est révélateur d’un esprit dissident croissant parmi les hommes et d’une libération de la parole. Fleury se plaint par courrier adressé directement au colonel Alphand de ce qu’il estime être une mauvaise organisation du corps. Il critique particulièrement la nomination des officiers par l’état-major, quand ceux de la Garde nationale sont élus par leurs hommes. Après la chute de l’Empire, cet état de fait semble inadmissible pour Fleury et ses hommes, dont il se fait le porte-parole. Il relaye par exemple leurs récriminations quant au montant et à la répartition de leur solde. Il dénonce ouvertement ce qu’il considère comme du népotisme, et l’incompétence qui en résulte. Il faut noter dans son dossier la présence de deux pétitions : elles témoignent de l’appétence grandissante des hommes pour l’expression démocratique. Le capitaine Fleury sera finalement révoqué le 16 décembre 1870.