24 mai 1871 : incendie de l'Hôtel de Ville

Photographie de l’Hôtel de Ville en ruines extraite de Ruins of Paris & Environ. Photographs, par Tune, G. (photographe), 1871. Archives de Paris, 9Fi 4.

Document : photographie de l’Hôtel de Ville en ruines extraite de Ruins of Paris & Environ. Photographs, par Tune, G. (photographe)
Date : 1871
Fonds : documents figurés
Cote : 9Fi 4

Le 24 mai 1871, les combats s’intensifient encore. Les Versaillais attaquent à l’aube. Craignant d’être encerclés, les derniers élus de la Commune quittent l’Hôtel de Ville. Vers 10h, les flammes envahissent le bâtiment qui n’est bientôt plus qu’un brasier. Le Palais de Justice et la préfecture de Police sont eux aussi incendiés.

Les soldats de l’armée régulière exécutent sommairement les insurgé.es, hommes femmes et enfants, dans tous les quartiers occupés. La presse versaillaise créera a posteriori le mythe des pétroleuses pour justifier la violence de ces exécutions (voir à ce sujet notre dossier pour la classe et plus particulièrement la notice « Plan de paris incendié en 1871 »). Raoul Rigault, qui avait été nommé le 20 mars à la tête de la préfecture de Police puis procureur de la Commune le 23 avril, est tué rue Gay-Lussac, dans le 5e arrondissement.

En représailles, les Communards appliquent le décret du 5 avril sur les otages (voir le billet 6 avril 1871 : le décret des otages) : l’archevêque de Paris, Monseigneur Darboy (que Rigault, à l’anticléricalisme virulent, avait fait arrêter) et cinq autres prisonniers sont fusillés contre le mur de la prison de la Roquette.

Le soir, les fédérés perdent le Panthéon mais se battent encore à la Butte-aux-Cailles dans le 13e arrondissement. La résistance se concentre essentiellement dans les quartiers populaires du nord-est parisien et s’organise depuis la mairie du 11e arrondissement, où les élus communards se sont repliés. Les batteries des deux camps pilonnent la capitale. Un tiers de la ville est en flamme.

Les incendies de l’Hôtel de Ville, de la préfecture de Police et du Palais de Justice auront des répercussions importantes et durables : ce sont tout l’état civil parisien antérieur à 1860 et les registres de catholicité de l’archevêché qui partent ainsi en fumée, de même que les jugements du tribunal civil antérieurs à 1870 et une grande partie des archives du département de la Seine et de la ville de Paris. Malgré la mise en place en 1872 d’une commission pour la reconstitution de l’état civil, seul un tiers environ des actes sera effectivement reconstitué.

Les Archives de Paris conservent toutefois un document qu’il convient de signaler : signé par Louis-Guillaume Debock, directeur de l’Imprimerie nationale et André Alavoine, son sous-directeur et membre du Comité central de la Garde nationale, il confirme un ordre qu’ils ont eux-mêmes sollicité, celui « d’empêcher, par tous les moyens en leur pouvoir, toute tentative d’incendie, qui pourrait être faite aux archives nationales ». L’existence de ce document nuance quelque peu l’image des Communards vandalisant Paris sans aucun discernement dépeinte par la presse versaillaise dans les semaines et les mois qui suivent la répression.

Ruines du Palais de justice après la Commune, salle des Pas perdus, 1871. Archives de Paris, 11Fi 5158.

Fragment calciné d’un document datant de 1795 et provenant de l’incendie de l’Hôtel de Ville (1871). Archives de Paris, 10AZ 353.

Bons de solde des 5 et 6 mai 1871 émis par le service médical de l’Hôtel de ville, provenant également de l’incendie de l’Hôtel de Ville. Archives de Paris, VD3 9.

Ordre donné aux citoyens Debock, directeur de l’Imprimerie nationale, et Alavoine, délégué, d’empêcher par tous les moyens toute tentative d’incendie aux Archives nationales, 24 mai 1871. Archives de Paris, D1J 12, dossier 250.