Notification aux mairies d'arrondissement du décret sur la suppression du travail de nuit des boulangers

Notification aux mairies d’arrondissement du décret sur la suppression du travail de nuit des boulangers, 2 mai 1871. Archives de Paris, VD6 1503.

Date : 2 mai 1871
Thème : La politique sociale de la Commune
Fonds : Administration communale, mairie du 7e arrondissement
Cote : VD6 1503

Décret sur l’interdiction des amendes et des retenues sur salaire
Date : 27 avril 1871
Thème : La politique sociale de la Commune
Fonds : Documents figurés
Cote : ATLAS 529

La Commission du travail de la Commune est à l’origine de deux décisions favorables aux travailleurs et aux travailleuses Parisien.ne.s. Elle décide le 20 avril de l’interdiction du travail de nuit des boulangers et de la fermeture de leurs bureaux de placement, qui exigent d’eux d’importantes sommes d’argent. L’application immédiate ou différée de ce décret est le sujet de nombreux débats au sein de la Commune, alors que les patrons des boulangeries manifestent une vive opposition à son encontre.

C’est que celui-ci touche deux questions épineuses. La première est celle du travail de nuit, pratique fréquemment interdite depuis le Moyen Âge, car l’éclairage imparfait des ateliers à la nuit tombée est alors propice à toutes sortes de fraudes (c’est l’origine de l’expression « travail au noir »). À Paris toutefois, ce travail est autorisé dans des secteurs jugés essentiels car participant au bon approvisionnement alimentaire des Parisien.ne.s, et notamment la meunerie et la boulangerie. La Commune, dans une optique de justice sociale, est hostile au travail de nuit, source d’une inégalité entre les travailleurs, alors que celle-ci souhaite que chaque ouvrier.ère puisse accéder à l’éducation, chose impossible en travaillant nuitamment.

Pourtant, le travail de nuit dans les boulangeries se justifie par la nécessité de garantir l’approvisionnement de la population en pain, autre question essentielle pour les autorités. De là des mesures exceptionnelles dans les boulangeries : travail de nuit pour avoir du pain frais au réveil, mais aussi interdiction de la grève, ou obligation de déclaration en préfecture des congés des boulangeries (supprimée en 2014). Finalement, la Commune décide de fixer la fin de la nuit à 5 heures, permettant aux boulangers de proposer du pain frais dès 9 heures. Le décret sur le travail de nuit dans les boulangeries est appliqué à partir du 3 mai 1871.

Le 27 avril, la Commune décide d’interdire les amendes et des retenues sur salaire, utilisées par les patrons comme moyen de pression sur leurs salarié.e.s, anticipant sur le droit du travail du XXe siècle : il faudra attendre les années 1970 pour que celles-ci soient définitivement interdites.

Pistes pédagogiques :

  • Dégager la justification de l’abandon du travail de nuit. Préciser les horaires autorisés.

  • Demander aux élèves de faire une recherche sur la réglementation du travail au XIXe siècle.

  • Examiner le contrat d’apprentissage (en complément) : durée, travail de jour et port de charges.

Compléments :